Je suis charlie

Le 07/01/2015

Je l'avais promis, plus d'articles à chaud, pas de réactions à chaud, c'est donc avec un peu de recul que j'écris cet article. J'ai noté des idées au moment où ce passe les événements, ce que ça m'inspire, mon ressenti. J'ai finalisé cet article 2 semaines après les événements. Les morts ont été enterrés, seul reste les vivants qui devront vivre avec. Je vais vous épargner mon analyse de comptoirs de bar au sujet de Je Suis Charlie. Il s'agit d'un témoignage post événement.

Lorsque j'ai appris la nouvelle par mon collègue de bureau, j'avais du mal à y croire. Il me fait une blague. Ce n'est pas le genre. Tout de suite, mon humour noir pour conjurer le sort prend les devants. En même temps, ils l'ont bien cherché avec leurs caricatures (humour noir). Je n'ai pas droit de le dire, on pourrait m'accuser d'incitation à la haine. Alors je le garde pour moi. Je ne pense pas qu'on cherche à se faire tuer pour un dessin ou un écrit.

Charlie Hebdo, je n'ai jamais aimé ce journal. Il n'est pas assez consensuel à mon goût, trop dans la provoque. Je n'ai jamais eu d'humour, ou du moins pas celui de Charlie Hebdo. Un journal, c'est avant tout des hommes et des femmes. Je ne suis pas sûr que ceux de Charlie Hebdo puissent être mes amis.

Ma deuxième réaction a été pour les policiers abattus comme des chiens, à terre pour l'un d'entre eux, devant le smartphone d'un témoin qui a mis en ligne la vidéo, puis retirée. J'aurais pu la sauvegarder et la diffuser. Très vite, je pense à l'affaire Remi Fraisse. Je me demandais si on allait manifester pendant un mois en soutiens à la police. La suite me prouvera que la majorité silencieuse a soutenu la police, et quelques part ça me rassure.

Après ces réactions, les noms des assassinés tombent. Cabu, c'est celui qui me touche le plus. Non pas par ces illustrations, mais par le fait que j'ai de très bons souvenir de lui à la TV, notamment les illustrations qu'il réalisait en direct à Récré A2 avec la célèbre Dorothée.

La peur devient concrète ce jour. L'annonce d'attentat dans d'autres pays, Irak, etc .. ne me touchait à peine, malgré des atrocités abominables. Là, c'est concret, c'est pas loin de là où je travaille. Lorsque vous prenez le métro tous les jours, ça donne à réfléchir. Vous pensez évidemment à vos enfants, vos proches.

Comment 2 ou 3 individus peuvent aller abattre 12 personnes sans être plus inquiétés plus que ça. Il aurait même pu parvenir à s'enfuir. Enfin, c'est ce que l'on est en droit de penser. Cela dit la souricière tendue par les forces de l'ordre à bien fonctionné.

Le soir même on apprend qui serait caché à Metz, finalement non.

 

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Le lendemain, le 08/01/2015, l'attaque de la police Municipale à Montrouge. L'acte est délibéré, on veut tuer du flic.

Sur Twitter, des rumeurs partout, homme armée à la Défense (Paris), très vite démentie par Defacto. Les hélicoptères qui passent au-dessus des têtes. Les gens s'affolent, une rumeur qui dit qu'on doit rester dans les tours. Pour les hélicoptères, c'est normal, la Défense est sur la voie aériennes des hélicoptères pour rejoindre la Seine puis l'héliport d'Issy. Les gens deviennent parano (on notera plus tard une augmentation de la vente  d'anxiolytiques de 18% chez les pharmaciens. Personnellement, cela me faire marrer, pourquoi avoir peur ? Ma grand mère m'a toujours dit, va ou tu veux, meurs ou tu dois (Je ne suis jamais allé nulle part).

Bref la parano monte, même chez moi, l'homme qui n'a peur de rien (en réalité, j'ai peur de tout) d'autant plus qu'on annonce que les tireurs sont de retour en Ile-de-France. Peut-être pour un dernier attentat suicide !!!

Les forces de l'ordre visitent toutes les maisons d'un village au Nord-Est de Paris. Cette visite ne donnera rien. Le lendemain, on apprendra que les terroristes s'étaient enlisés avec la Clio grise dans la Forêt, non loin du village visité par le GIGN. Cela a de quoi nous rassurer à posteriori, les services de renseignements ont bien fonctionné.

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Le 09/01/2015Hier soir mon épouse a expliqué à notre numéro un pourquoi, nous parents, nous n'avions pas droit d'entrer dans l'école. Je crois qu'il a compris. De retour de ma journée de travail, j'ai été accueilli par numéro 1. Il avait besoin de me raconter cette histoire de méchant qui empêchaient ses parents d'entrer dans l'école.

Aujourd'hui, ça continue, les deux hommes d'avant hier (ceux de Charlie Hebdo) se sont retranchés dans une petite entreprise du val d'Oise. Auparavant, ils avaient braqué une dame pour prendre sa voiture. À la vue d'un barrage de police, ils font demi-tour et se réfugient dans une entreprise d'imprimerie. Qu'elle ironie, tuer les membres d'un journal à cause de leurs caricatures et se retrouver enfermer dans une imprimerie. À partir, de ce moment-là, on sait que tout est fini pour eux, c'est une question de temps.

Chose nouvelle pour moi, les radios et les TV nous donnent des informations en direct et en continu. On est au courant de la moindre explosion. On voit le positionnement du RAID, du GIGN et de la BRI. Du coup, je me dis que les terroristes ont aussi les mêmes informations. On apprendra plus tard, après l'assaut, que dans l'imprimerie, un info-graphiste s'était retranché sous un évier. Que ce serait, il passé si les terroristes avaient regardé BFM-TV qui relatait qu'un otage était toujours retenu, alors même que les terroristes n'avaient pas d'otage ?

Je suis de plus en plus en colère contre les médias, et pourtant durant cette journée, j'avais Twitter sous les yeux, une oreille de France Info, une oreille du BFM-TV le tout en faisant ma journée de travail le plus normalement du monde ... 

Dans l'après-midi, le tireur de Montrouge se signale à Vincennes, dans un supermarché 'Hyper Cacher'. Lorsqu'on vit à Paris, on n'est pas forcément rassuré. Est-ce que d'autre vont sortir du bois pour aider leur copain terroriste, histoire de diviser le nombre de policiers sur chacun des sites.

Des rumeurs circulent en fonction des mouvements de la police. A un moment, la rumeur est  au métro Trocadéro à 2 pas de là ou je travaille, ensuite ailleurs.

On apprendra plus tard que le terroriste de Vincennes, a contacté BFM-TV. Qu'il leur avait dit que si l'assaut était donné dans l'imprimerie, il tuait tous les otages (ceux de l'imprimerie). Finalement, l'assaut sera donnée par les 2 frères dans une sortie suicide. Très peu de temps après l'assaut est donné sur le supermarché. Heureusement, le preneur d'otage, n'avait pas commencé l’abatage des otages.

Je vous passe le formidable dimanche ou des millions de personnes sont allés dans la rue pour soutenir la liberté d'expression, la haine du terrorisme et dire qu'on n'avait pas peur.

Le mercredi suivant, Charlie Hebdo sort. Les gens se précipitent chez les buralistes, kiosquier, se battent même pour avoir ce qu'on appellera le numéro historique. A l'heure où j'écris cet article je ne l'ai toujours pas vu, mais à vrai dire si j'en croise un pourquoi pas.

L'ironie de la chose, alors que Charlie Hebdo était moribond, il se retrouve une nouvelle jeunesse avec des millions d'euros à gérer, et donc un longue vie à venir si tout est bien géré. Cet attentat aura révélé plusieurs choses. La France s'est se montrer soudée contre l'adversaire, elle a encore des valeurs.

Enfin pour conclure ces 2 semaines folles.

La nouvelle unes de Charlie hebdo, je ne la comprends pas vraiment. Je comprends leur besoin de libertés d'expression, mais je ne comprends pas cette attitude irresponsable. Ces caricatures ont déjà causé la mort, pourquoi continuer dans ce qui me semble être une provocation. On pourrait leur imputer les divers nouveaux mort dans des pays où la culture de la satire n'existe pas ou peu.

Je trouve malsain, la façon, dont les médias ont traité en direct ces prises d'otages. Des journalistes ont pris des risques insensés pour avoir la meilleur image à fournir à un public demandeur (y compris moi, j'ai honte) quitte à donner des infos aux terroristes. Les appels de la PoliceNationale sur twitter se sont multipliés pour demander à tout le monde d'arrêter de publier des infos. Quand je pense que les médias ont appelés en continus les terroristes sur leur lieu de prise d'otages, on est en plein délire.

Ma mère n'a pas participé à cet élan je suis Charlie. Elle n'est pas Charlie, elle n'aime par Charlie. Au final, est ce que je suis Charlie ? Dans un élan de groupe, dans l'émotion, oui sûrement, individuellement je sais pas trop... Finalement un peu, alors j'ai adopté le logo sur le logo de Geekmps, peut-être aurais je du seulement le barrer de noir!

 

 

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